Drôle d'idée que l'argument « pour votre sécurité » qui justifierait la surveillance à tous les coins d'immeubles, de rues, de couloirs.

 

Certes, cette caméra est plus pratique qu'un chien, peut-être plus efficace qu'un gorille, moins aléatoire qu'un groupe d'amis, moins risquée qu'un flingue et moins risible, visible qu'une veste pare-balle.

 

Pas intéressant de remettre en question la relation caméra/sécurité mais troublant d'y introduire le prix à payer.

 

Le gain est évident, ou presque.

Le coût beaucoup moins.

Qu'en est-il de ma relation au monde ?

 

En quoi la permanence de cet œil vient-il altérer mon souci, justement, d'exister sans ce regard,

de me déplacer, sans me savoir suivi(e), de vivre sans me sentir épié(e) ?

Parano, peut-être...

Fichée, il paraît...

 

Intimidée, sûrement par cet impératif de figures parentales qui sauraient mieux
que moi de quoi j'ai besoin pour sortir dans le monde.
Qui veulent mon bien et, en même temps, voudraient me convaincre que le monde est dangereux.
Et moi trop petit(e) pour y vivre à ma guise, demander de l'aide si je veux, quand je le juge utile et en en gardant l'initiative.

 

Drôle d'idée que cet œil qui me regarde,

...avant même que je sois, Cain, dans la tombe.